« Une société qui fonctionne avec une gouvernance partagée, qui donne à ses citoyens le pouvoir d’agir, y compris dans les entreprises. »

« Un débat s’est ouvert sur la conditionnalité des aides aux entreprises. Que proposez-vous concrètement ? ». La question a été adressée ce jour, vendredi 11 septembre, par le journal Les Échos à Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (lire l’intégralité de l’article ici). Il a répondu ainsi :

« Un avis conforme du CSE, le comité social et économique sur l’utilisation de ces aides dans l’entreprise, par rapport aux objectifs fixés : la préservation des emplois, les embauches de jeunes, la transition écologique, etc. Je ne crois pas à une conditionnalité sur les versements, ça ne marche pas, aucune administration n’est capable de faire de tels contrôles. Il faut cependant des contreparties aux aides, sinon on risque d’arroser le sable. Mais celles-ci doivent venir par le dialogue social. Quand on baisse les impôts de production de dix milliards d’euros, il est normal d’en discuter, de rendre des comptes dans l’entreprise aux représentants des salariés. »

« Le patronat y est-il prêt ? » a aussitôt interrogé Les Échos. « En tous cas », a estimé Laurent Berger, « il s’est rendu compte pendant cette crise sanitaire que c’est par le dialogue social qu’on s’en tirait le mieux pour reprendre l’activité dans de bonnes conditions. Les syndicats ont joué le jeu, ont fait preuve de responsabilité. Il y a eu plus de 9000 accords de reprise d’activités signés. L’expérience de crise doit conduire à un partage de responsabilités plus important à l’avenir. »

« Bruno Le Maire a dit qu’il était disposé à aller au-delà de la loi Pacte, pour associer davantage les syndicats à la gouvernance des entreprises… » ont fait remarquer les deux journalistes. « Chiche ! » a répondu Laurent Berger. « Que le gouvernement change la loi en prévoyant cet avis conforme du CSE. Il va avoir une bonne occasion de le faire avec la présentation prochaine du comité d’évaluation du bilan des ordonnances Travail, qui s’annonce assez critique. Celles-ci ont eu des effets négatifs, notamment sur les moyens donnés au dialogue social. La plupart des entreprises s’en tient au minimum inscrit dans la loi. Nous demandons à Elisabeth Borne de réunir les organisations syndicales et patronales pour la corriger. Elle n’a pas conduit la réforme, ce qui devrait rendre les discussions plus faciles. Dans la période d’incertitude majeure qui arrive, il n’y aurait rien de mieux que le dialogue social dans l’entreprise pour s’adapter. »  

« Quelle est votre société idéale ? » ont enfin demandé, en fin d’interview, les journalistes du journal Les Échos à Laurent Berger. « Aujourd’hui je vous dirais : une société intégrant une forte dimension sociale, écologique et de justice sociale, qui se fixe des objectifs, pas seulement en termes de croissance du PIB ; une société qui fonctionne avec une gouvernance partagée, qui donne à ses citoyens le pouvoir d’agir, y compris dans les entreprises. C’est aussi une société de responsabilité, qui intègre la complexité plutôt que la caricature et s’enrichit des désaccords, qui protège les plus fragiles et la démocratie. Et pour ça, il ne faut pas tout demander à l’État, ni que l’État oublie de laisser de la place aux acteurs sociaux et aux citoyens… »

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