L’État du dialogue social en France en 2023. 5ème édition du Baromètre Syndex-Ifop

(Je reproduis ci-dessous le dernier article du blog Les Clés du social intitulé Baromètre Syndex-Ifop 2023 : le dialogue social toujours à la peine et qui commente les résultats du 5ème Baromètre IFOP-Syndex sur le dialogue social en France (917 élus du personnel interrogés, 1308 salariés d’entreprise et 410 chefs d’entreprises et DRH d’entreprises de plus de 50 salariés. Sondage réalisé en octobre – novembre 2022). Pour lire l’article, cliquer ici. Pour accéder au sondage, cliquer ici)

« La 5ème édition du baromètre Syndex-Ifop vient de paraître fin janvier. Il montre que la réforme des IRP avec la mise en place des CSE n’est toujours pas « avalée » par les représentants du personnel, même s’ils semblent s’en accommoder aujourd’hui. Pour eux, les relations sociales dans les entreprises restent fragilisées par la nouvelle institution. Mais ils se déclarent, plus que l’an passé, offensifs et motivés. Quant aux chefs d’entreprise, ils semblent être satisfaits de ce nouveau cadre du dialogue social.

Selon que l’on soit salarié, représentant du personnel ou employeur, les avis sur les CSE sont très différents. Ainsi, les 2/3 des salariés ont une bonne image de leur CSE et y attachent beaucoup d’importance. Ils ont plutôt confiance dans les élus du CSE (60 % contre 61 % en 2021) mais s’estiment toutefois moins bien représentés. 51 % disent être bien représentés (contre 55 % en 2021). Mais 58 % des salariés ne sont pas prêts à y participer (sensiblement au même niveau qu’en 2021). Toutefois, ils sont 83 % à déclarer qu’ils iront voter aux prochaines élections du CSE…

L’état d’esprit des représentants du personnel est toujours négatif (86 %) vis-à-vis des relations sociales à la suite de la mise en place des CSE, même s’ils le sont moins que les années précédentes (91 % en 2021). Ils se sentent moins fatigués que l’an passé (60 % ; -5 points), déçus (42 %, + 1 point) et même en colère pour près d’un tiers d’entre eux (32 %, – 2 points).

Toutefois, 30 % des représentants du personnel restent motivés (+ 5 points par rapport à 2021) et 20 % sont optimistes (+ 4 points).

Il existe un écart saisissant entre les salariés, leurs représentants et les chefs d’entreprise sur la perception des uns et des autres de la qualité du dialogue social. Les salariés accordent tout juste la note de 5,7/10 (5/10 pour les représentants du personnel) alors que les dirigeants ou les DRH donnent une note de 7,8/10.

Les dirigeants et représentants du personnel ne donnent pas les mêmes priorités sur les éléments qui concourent fortement au dialogue social. Ils ne partagent pas la même conception du dialogue social. Ainsi, les dirigeants évoquent en tête le respect de la législation (74 %), la confiance entre participants (64 %) et la transmission et la qualité de l’information (63 %). Les représentants du personnel mettent en premier les relations avec les salariés (70 %), la prise en compte des revendications par les employeurs (67 %) et à 65 % la qualité de l’information et la confiance.

Pour chacun de ces items, ils expriment une grande frustration. Ainsi, les relations avec le personnel ne sont de bonne qualité que pour 44 % d’entre eux. 59 % estiment la prise en compte des revendications par les employeurs de mauvaise qualité. Il en est de même pour l’information (49 %) et la confiance entre participants au dialogue social (59 %).

En ce qui concerne les sujets à traiter en CSE, salariés, représentants du personnel ou dirigeants placent en premier, mais pas au même niveau d’exigence, les questions de santé, sécurité et conditions de travail (83 à 91 % pour les élus, 67 à 81 % pour les salariés, 63 à 75 % pour les dirigeants). Si les élus et les salariés veulent traiter des questions de salaires et de pouvoir d’achat, ce n’est pas le cas des dirigeants (45 % seulement). Les enjeux économiques et d’emploi sont moins cités par les salariés (entre 33 et 43 %) et un peu plus par les dirigeants (de 43 à 47 %). Quant aux élus, ils sont autour de 60 % à vouloir les traiter en CSE. Arrivent ensuite les réclamations individuelles et collectives (pour 52 % des élus mais 45 % des salariés et seulement 35 % des dirigeants) et les questions environnementales (32 % des élus, 31 % des salariés et 25 % des dirigeants).

Dans les inconvénients du CSE, les représentants du personnel citent toujours l’accroissement de l’investissement en temps (36 %, + 4points entre 2023 et 2022) et un manque d’attractivité de la fonction (31 % ; + 4 points). 93 % des représentants du personnel rencontrent des difficultés à recruter de nouveaux élus. Mais surtout, ils placent en premier l’affaiblissement de leur poids vis à vis de la direction (37 %), plus 4 points par rapport à l’an passé ce qui laisse penser que les relations sociales se sont dégradées cette année.

Toutefois, les autres inconvénients exprimés par les représentants du personnel semblent moins sensibles que les autres années : ordres du jour trop chargés (33 %, – 9 points), déficit d’expertise (21 % ; – 3 points) ; moins bonne prise en compte des enjeux (22 % ; – 8 points) ; perte de temps disponible (19 % ; – 2 points) ; perte de proximité (19 % ; -5 points).

Tout se passe comme si les élus du personnel avaient progressivement intégré la nouvelle donne ou qu’ils s’y sentent plus à l’aise (peut-être parce qu’ils ont suivi des formations). Ainsi, ils sont 74 % à déclarer avoir effectué des stages de formation économique et 75 % des stages en santé, sécurité et conditions de travail. Ces deux formations sont jugées intéressantes pour appréhender le rôle de représentant du personnel (62 % pour les conditions de travail et 60 % pour l’économie). Mais les élus demandent surtout une formation pour maîtriser le fonctionnement du CSE (65 %). Seulement un quart d’entre eux souhaitent une formation à l’environnement, nouvelle prérogative du CSE.

Les attentes des représentants des salariés sont en règle générale beaucoup plus fortes que celles des dirigeants. Ainsi, loin devant, le renforcement du poids des avis émis par le CSE est attendu par plus de 4 élus sur 5 alors que ce n’est le cas que pour 1 dirigeant sur 5. Les points de vue, quoique éloignés, se rapprochent sur la volonté de développer un dialogue social plus près du terrain (63 % pour les élus ; 37 % des dirigeants) ou sur des réunions du CSE recentrées sur des sujets importants (61 % ; 41 %).

Les autres attentes des élus sont peu partagées par les dirigeants. Il en est ainsi d’un meilleur accès à l’information, des moyens et du temps supplémentaires pour les élus, de la mise en place d’un agenda social ou encore de plus de formations – entre 55 % et 60 % des représentants du personnel contre 14 à 19 % des dirigeants.

Le baromètre Syndex-IFOP aborde aussi les questions du télétravail et des salaires. Ce qu’il faut retenir sur le télétravail, c’est qu’il est perçu par les représentants des salariés comme facteur de compétitivité de l’entreprise mais qu’il a aussi des impacts négatifs sur l’intensité du travail, les risques psychosociaux, le fonctionnement du CSE et la solidarité et les échanges entre collègues. Toutefois, les salariés apprécient la politique de télétravail mise en place par leur entreprise (49 % y sont favorables contre 22 % y sont opposés) et les intéressés la plébiscitent (72 % contre 28 %).

Sans surprise, les divergences entre dirigeants et salariés et leurs élus sont sensibles sur les salaires et rémunérations. Les salariés ont plus d’exigence que les représentants du personnel. En effet, les premiers souhaitent des augmentations moyennes de 10,7 % alors que les représentants du personnel revendiquent 8,4 %. Quant aux résultats attendus, les salariés sont plus pessimistes : 3,4 % pour les salariés contre 4,2 % pour les élus. Les dirigeants eux pensent n’accorder que 3,5 %. Ce nouveau baromètre Ifop-Syndex semble montrer que, le temps passant, les CSE s’installent dans le paysage social mais laissent beaucoup d’amertume chez les représentants du personnel. Ces derniers restent toutefois optimistes et motivés. Ils mesurent les risques de recul du dialogue social dans les entreprises face à des directions qui ne les écoutent pas ou pas beaucoup, et aux difficultés qu’ils rencontrent pour recruter de nouveaux élus au moment du renouvellement des CSE, en 2023. » (Les Clés du social, 1er mars 2023)

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