(Agnès Le Bot, consultante-formatrice chez ITG Groupe – et qui fut membre de la direction confédérale de la CGT jusqu’en 2016 – vient de publier sur son compte LinkedIn (cliquer ici) un fort intéressant document de 12 pages, intitulé Paix en Ukraine, liberté en Russie !, rédigé par le secteur international de la CGT, daté de ce mercredi 9 mars 2022. Je reproduis ci-dessous les premières lignes de ce document et la liste des dix questions qui structurent ce texte. Pour lire l’intégralité du document, cliquer ici.
Je reproduis également, voir ci-dessous, le communiqué de presse du 4 mars 2022 de la CES, confédération européenne des syndicats : Invasion russe : Les syndicats ukrainiens et la Confédération Européenne des Syndicats se mobilisent (cliquer ici). Il fait état de la création d’un fonds de solidarité. Les dons peuvent être adressés via ce site).

Paix en Ukraine, liberté en Russie !
Depuis le jeudi 24 février à 5h30 du matin, Vladimir Poutine a ordonné à ses armées une invasion de l’Ukraine, que les peuples russes comme ukrainiens, dans leur immense majorité, n’imaginaient pas possible, ni ne voulaient d’aucune manière.
Le risque de déclenchement d’une guerre mondiale est réel. Il nous commande de prendre le temps de l’analyse et de transmettre aux organisations les éléments que la confédération réunit depuis le déclenchement du conflit. Il nous commande aussi le calme, la retenue, la décence, le respect et l’humilité dans le commentaire que nous faisons de la situation.
Dans une telle situation, la solidarité de la CGT va d’abord en direction des populations civiles victimes de la guerre en Ukraine. La condamnation de la CGT doit quant à elle frapper avant tout l’agresseur, en l’espèce Vladimir Poutine, qui assume devant l’histoire la responsabilité d’avoir réinvité la guerre à grande échelle et la mort sur le continent européen, après les conflits de Tchétchénie, de Yougoslavie et de Géorgie.
Notre camp, est celui de la paix. Mais pour retrouver la paix, il faut avec certitude que la liberté trouve enfin son chemin en Russie.
Notre pacifisme, celui qui plonge ses racines dans la conférence de Zimmerwald en 1915, réactualisé par le refus du « campisme », revient à rejeter ce jeu des alliances qui entrainent les peuples dans les conflits mondiaux au profit des bourgeoisies ou des aristocraties qui les gouvernent. Mais notre pacifisme sait faire la différence en fonction de la nature des dangers d’escalade encourus et des impératifs liés à la résistance des peuples pour défendre leur droit à l’auto-détermination. De la Commune de Paris à la guerre du Vietnam en passant par la guerre d’Espagne ou la résistance, notre histoire est aussi celle d’un soutien aux peuples en lutte pour la défense de leurs droits et libertés face à l’oppression ou à l’agression. Pour rendre le propos de cette note aux organisations plus vivant et intelligible sur une situation complexe et en évolution constante, le choix fait est celui d’une série de douze questions auxquelles elle apporte des réponses aussi claires et précises que possibles. (…)
Suite du document et réponses aux questions ci-dessous, lire ici…
Où en est-on de la situation militaire sur le terrain ?
Où en est-on de la situation sur le plan diplomatique ?
Poutine est-il responsable de cette situation ?
L’OTAN porte-t-elle une part de responsabilité dans l’escalade ?
Que faut-il penser de l’emploi des termes « opération de dénazification » de l’Ukraine ?
Que pensent et disent les syndicats ukrainiens et la population ukrainienne en général ?
Que pensent et disent les syndicats russes et la population russe en général ?
Que pensent et disent les autres syndicats et les internationales ?
Quel accueil pour les réfugiés venant d’Ukraine ?
Faut-il intensifier les sanctions à l’égard de la Russie ? Quelles peuvent en être les conséquences économiques pour l’Europe ?
Comment la CGT peut-elle agir ?
Que faut-il espérer ?
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« Invasion russe : Les syndicats ukrainiens et la Confédération Européenne des Syndicats se mobilisent » (4 mars 2022)
Les syndicats ukrainiens apportent nourriture et abri à la population au milieu de l’invasion russe et des attaques qui ont gravement endommagé habitations, lieux de travail et infrastructures.
La Fédération des syndicats de l’Ukraine (FPU) et la Confédération des syndicats libres de l’Ukraine (KVPU), représentant près de 5 millions de travailleurs, ont ouvert grand les portes de leurs bureaux dans tout le pays aux personnes cherchant refuge, y compris les femmes et les enfants, les personnes âgées et maintenant les personnes blessées dans le conflit.
Le travail humanitaire des syndicats en Ukraine a été présenté lors d’une réunion d’urgence du comité exécutif de la CES qui a convenu de constituer un fonds de solidarité pour soutenir les efforts des syndicats locaux et continuer à faire pression sur l’UE pour accroître les sanctions envers l’envahisseur et venir en aide aux réfugiés. Les membres de la CES se sont accordés pour fournir une aide financière aux syndicats ukrainiens et à agir auprès de l’UE pour qu’elle entame toutes les actions nécessaires contre le gouvernement russe pour qu’il mette fin à la guerre, pour porter assistance aux réfugiés et pour assurer la protection sociale des personnes restées en Ukraine.
Les affiliés de la CES des pays voisins de l’Ukraine, et au-delà, se sont immédiatement lancés dans l’action et ont mobilisé leurs membres pour trouver des logements et collecter de la nourriture pour les réfugiés. Cela fait suite à une manifestation contre l’invasion russe et en solidarité avec l’Ukraine organisée la semaine dernière à Bruxelles par la CES et ses affiliés. La CES et la CSI organiseront également une Journée d’action européenne et mondiale pour la paix à la mi-mars à Bruxelles et dans d’autres villes. La date exacte sera communiquée prochainement.
Prenant la parole lors d’une réunion virtuelle rassemblant quelque 180 leaders syndicaux partout en Europe, le Président de la FPU Gregori Osovyi a déclaré :
« Nos installations étaient temporairement mises à l’arrêt pour l’hiver mais nous les avons rouvertes parce qu’il nous faut de la place pour accueillir les gens qui ont besoin d’un toit, d’un lit et de nourriture. »
« Nous recevons des appels pour toutes sortes d’aide et de matériel. Les maigres fonds que nous avons été en mesure de réunir proviennent de notre fonds de solidarité pour soutenir nos actions de grève et nos manifestations mais qui est insuffisant pour répondre aux demandes qui nous parviennent de partout. »
« Nos membres continuent à se rendre au travail dans les services essentiels tels que les hôpitaux, les transports et les centrales électriques malgré les risques énormes pour leur vie. »
La Présidente adjointe de la KVPU Nataliya Levytska a témoigné à son tour :
« Je suis mère et je suis terrifiée pour mes enfants. Les six derniers jours ont été un cauchemar absolu. Mais nous ne nous rendrons pas, nous ne cèderons pas. Mon fils a 20 ans et il n’a pas fui de Kiev. Il estime que c’est son devoir de rester. J’ai peur pour lui, je ne parviens pas à dormir la nuit. Personne ne peut. Je ne comprends pas pourquoi qu’au lieu d’aller à l’école nos enfants doivent courir vers les abris antiaériens. »
« Il neige aujourd’hui. Il fait froid et les gens sont laissés sans vêtements, sans nourriture, sans médicaments. Les personnes insulinodépendantes ont un grave problème, elles ne peuvent se soigner, il n’y a pas d’insuline. Des gens meurent parce qu’il n’y a pas moyen de leur apporter une aide médicale dans cette situation de guerre.
Le Secrétaire général de la CES Luca Visentini s’est également exprimé :
« La guerre et ses conséquences frappent toujours les travailleurs en premier et le plus fortement comme le démontre une fois encore cette invasion épouvantable et illégale de l’Ukraine. »
« Les syndicats ukrainiens font tout ce qu’ils peuvent pour contribuer aux efforts visant à protéger les gens, la paix et la démocratie. La CES s’engage à fournir tout le soutien pratique et politique possible. »
« La solidarité est au cœur du syndicalisme et nos frères et sœurs en Ukraine prouvent qu’il ne s’agit pas juste d’un slogan en risquant chaque jour leur vie pour prendre soin des victimes les plus vulnérables de cette invasion. Nous exhortons les travailleurs qui sont en mesure de soutenir leurs efforts humanitaires de le faire sans tarder. »
« L’UE a agi rapidement et correctement en imposant des sanctions à l’encontre des dirigeants russes et en venant en aide aux réfugiés. Nous devons mettre la pression maximum sur la Russie pour rétablir la paix et ouvrir des corridors humanitaires pour les personnes fuyant l’Ukraine tout en renforçant le soutien financier à celles restées en Ukraine. »