(Theoria V) «Lieux, conflits et compromis. À propos de quelques formes du lien social»

(J’étais invité, le 4 juin dernier, à une journée d’études organisée par l’axe de recherche Philosophie, organisations, institutions de l‘IPC, facultés libres de philosophie et de psychologie de Paris, sise à deux pas du monastère de la Visitation, avenue Denfert-Rochereau. Belle journée, studieuse, et beau programme, avec les communications, entre autres, de Bernard Guery, Le lien social, attentes et réalités, Christophe Perrin, La Solitude en commun ou de Pierre d’Elbée, La bienveillance au commencement du lien social. La journée était préparée et animée par les étudiants du Master RH de l’IPC. Je reproduis ci-dessous le contenu de mes propos ce jour-là.)

« Lieu, conflit et accord ont ceci de commun qu’ils ont été travaillés depuis les premiers essais de théorisation sociologique à la fin du 19ème siècle ; il me semble ici utile de revenir aux fondamentaux  – du moins aux fondateurs – pour mieux comprendre le lien social aujourd’hui dans l’entreprise et, plus largement, dans les organisations de travail.

Première assertion : le lieu, c’est le lien. Dire cela est à la fois banal et heuristique. Banal car nous sommes tous nés quelque part, et ce lieu de naissance nous a façonné. Notre enfance est attachée à des lieux particuliers. Prenez le village de Combray chez Marcel Proust et  tirez ce fil : vous avez aussitôt Odette, Swann, Albertine et des tas d’autres personnages, qui s’évitent, s’invitent, se brouillent, discourent sur autrui, etc.

Dire « le lien, c’est le lieu » est également heuristique car cela permet de « localiser », si je puis dire, cette question du lien social. Quelques remarques à ce sujet. D’abord, ce lien que fournit le lieu, est un lien externe, qui nous est offert, ou imposé, mais qui nous vient du dehors : nous n’avons pas décidé de naître là où nous sommes nés. À y regarder de près, c’est parfois le lieu qui nous choisit…

Quand j’étais professeur à l’INSA de Lyon, j’animais une option de 5ème année, « Management et société ». J’utilisais un film documentaire sur l’entreprise, assez paternaliste, Arc International, dans le Nord-Pas de Calais. Une jeune ouvrière était interviouvée et disait en gros ceci, face à la caméra : « C’est drôle, mon mari habitait le village d’à côté, mais on ne s’était jamais vu, c’est l’usine qui nous a réunit. Sans elle, ma vie aurait été différente… »

Ce lieu où nous vivons, là où nous travaillons, etc., nous oblige : si vous habitez Kiev et que vous avez 22 ans, alors vous êtes mobilisable et vous portez l’uniforme et vous allez combattre pour défendre votre pays. Le lieu donne aussi des droits. Par exemple : le droit du sol.

Ce lieu qui fait lien est de dimension variable. Le journaliste-sociologue David Goodhart, avec sa bipartition entre les « anywwhere » et les « somewhere » (c’est-à-dire : les gens de n’importe où, et ceux de quelque part), a mis des mots sur ce lien social qui peut être enraciné, dans l’ici et le maintenant, ou dépaysé, dans l’ailleurs et le peut-être.

Lien et lieu ont été traités par les pères fondateurs de la sociologie – je pense à Émile Durkheim et Georg Simmel –  notamment en termes de densité des liens sociaux sur un territoire donné. Cela a donné à la sociologie de bons et utiles concepts… Ainsi du concept de Durkheim de « densité sociale dynamique ». Dans De la Division du travail social, 1896, il proposait d’observer, dans chaque cas, sur un territoire donné et comparativement à d’autres : « À volume égal, le nombre d’individus qui sont effectivement en relations, non seulement commerciales mais aussi morales, c’est-à-dire non seulement qui échangent des services ou se font concurrence, mais vivent une vie commune. »

Certains lieux, en effet, ne produisent pas le même lien social, du fait d’une densité sociale différente. La raison, et l’argument de Durkheim est robuste, tient au degré de différenciation sociale. Plus les individus se ressemblent, partagent les mêmes activités, les mêmes valeurs, croient en de mêmes dieux et adoptent des comportements identiques – le monde rural d’il y a une cinquantaine d’années –  et moindres sont les interdépendances. Il s’agit, disait Durkheim, d’une solidarité mécanique. Tout autre est le monde de la ville et des entreprises. La solidarité y est de type organique, disait-il, fondée sur les différences entre les personnes, donc sur leurs interdépendances.

Cette différenciation sociale a deux effets : un, cela produit de la coopération entre les individus ; et deux, cela produit de la compétition. La nécessaire coopération se comprend aisément. Vous pouvez en effet faire cuire votre pain vous-même ou construire seul votre maison ; cela prendra du temps mais vous y arriverez. Mais si vous devez, en même temps, cuire du pain et construire votre maison, et accompagner votre fils à l’école, et le récupérer à midi pour le faire déjeuner, et l’aider le soir à faire ses devoirs, alors, nécessairement, au lieu de « faire vous-même », vous allez devoir « faire faire ». Donc coopérer avec d’autres ; chacun de nous a ainsi besoin des autres pour atteindre ses propres objectifs.

Ce faisant, cette coopération produit de la conflictualité, puisque les individus sont dépendants d’autres ; ceux-ci savent faire des choses qu’eux ne savent pas faire, ou qu’ils font mal, ou mettent trop de temps à les accomplir. Si les occasions de contact sont légion – nous rencontrons en moyenne une vingtaine de personnes par jour… –  alors il y a frottement, rugosité, disputes. Pour différentes raisons, dont celle-ci, dans les mots de Durkheim : «  Chacun, tout en ayant besoin de l’autre, cherche à obtenir aux moindres frais ce dont il a besoin, c’est-à-dire à acquérir le plus de droits possibles, en échange des moindres obligations possibles. »

Le conflit surgit de ce travail permanent d’ajustements entre individus interdépendants. D’où ma deuxième assertion : le lien social, c’est le conflit

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On a coutume de considérer le conflit comme un bris de la relation, comme sa rupture ; c’est erroné : le conflit est une forme de lien social ; c’est même, disait Georg Simmel, l’un des fondateurs de la discipline sociologique au début du 20ème siècle, un processus de socialisation. Ce sont les causes du conflit qui constituent l’élément de dissociation, non le conflit lui-même ; le conflit est un rapport social, rien d’autre – même s’il s’agit d’un rapport de forces –  et cette expression, d’ailleurs, ne signifie rien d’autre que « des forces en rapport »…

Le conflit comme expression de l’unité sociale, telle était la thèse de Simmel. Le paradoxe n’est qu’apparent. Pour quelles raisons cette assertion est sociologiquement juste ?

Un. Toute société humaine a besoin, pour exister, fonctionner, se développer, d’un certain quantum d’harmonie et de dissonance, de coopération et de compétition, de sympathie et d’antipathie, de sourires et de coups de colère, de bienveillance et de méfiance, etc. C’est cela une société, un peu de blanc et de noir, et d’infinies nuances de gris…

Deux. « Pour autrui » et « contre autrui » ont tous deux le même opposé : l’indifférence sociale. Nous ne sommes en conflit qu’avec des personnes inscrites dans le même système social que le nôtre. Êtes-vous en conflit avec Manon Jeannote, la Lieutenant-Gouverneure du Québec, c’est-à-dire la représentante du Roi anglais Charles III, qui est aussi le roi du Canada ? Non, car vous ne participez pas au jeu politique du Canada. Vous vitupérez contre le gouvernement Borne ou Attal, car leurs décisions impactent vos vies, personnelles et professionnelles ; mais les décisions de Manon Jeannote n’ont sur vous aucun effet… Nous lui sommes indifférents.

Trois. Si le conflit ne surgit qu’entre des personnes inscrites dans un même système d’acteurs, alors est-il logique que leurs disputes soient relatives à des décisions, qu’il faut prendre ou ne pas prendre. C’est cela le conflit : l’impossibilité de se mettre d’accord sur une décision à prendre. Dans 99 % des cas, dans nos organisations de travail, on parvient à décider à plusieurs ou avec notre direction. Dans 1 % des cas, on ne parvient plus à décider de ce qu’il faut faire, ou ne pas faire. Chacun décide alors de ne pas bouger de sa position. Le conflit, c’est donc deux choses : un, le blocage du cours ordinaire de la prise de décision, et deux, la volonté des deux parties d’imposer à l’autre une décision que l’autre rejette.

Pourquoi cette volonté d’en découdre ? Réponse et c’est mon quatrième argument : d’une fait d’une pulsion d’hostilité, tapie au fond de chacun d’entre nous – saut peut-être chez Matthieu Ricard… Cette pulsion d’hostilité, disait Simmel, est un lointain héritage de notre espèce humaine, du temps où les premiers hommes devaient affronter l’hostilité et l’incertitude du monde naturel dans lequel ils évoluaient ; il fallait qu’ils se protègent, et qu’ils aient suffisamment d’agressivité pour attaquer ceux qui les menaçaient, hommes ou bêtes. Cet héritage nous encombre encore, et il faut, disait le philosophe Emmanuel Lévinas en liminaire de son ouvrage Totalité et Infini – et il n’était pas un guerrier ! – « être lucide sur la possibilité permanente de la guerre »… Elle est  à nouveau sur le sol européen ; et le pire est devant nous…

Pendant des millénaires, les premières relations sociales hors de son groupe, ou de sa tribu, c’était la guerre, contre d’autres groupes, contre d’autres tribus. La guerre est ainsi une forme de relation sociale, la « poursuite de la relation par d’autres moyens », pour paraphraser Clausewitz. Claude Lévi-Strauss avait d’ailleurs ce mot, pour parler des guerres entre les tribus qu’il étudiait au Brésil ou sur la côte Nord-Ouest des États-Unis : « Les guerres, disait-il, sont des opérations commerciales qui ont mal tournées… » Et les échanges commerciaux, « des guerres pacifiquement résolues »…

Bref, le lien social, c’est le conflit. Que cela veut-il dire ? D’abord, que le conflit remplit des « fonctions sociales ». Lesquelles? :

Un, le conflit nomme, désigne, traduit un problème, qui n’est pas encore posé en ces termes (ou que certains refusent de poser comme un problème) ; le conflit a donc une fonction de révélation, de dévoilement : il porte au jour ce qui était dissimulé et qui ne fonctionnait pas.

Deuxième fonction : il favorise la cohésion du groupe social, la solidarité des membres, la communion pour la cause et contre l’autre, le méchant, le patron, Macron, Poutine, Trump, etc. Les meetings des partis politiques, partout dans le monde, illustrent à merveille ce moment de fusion collective…

Troisième fonction majeure du conflit : il libère la parole, il permet la transgression des règles, il résout les traumatismes. On trouve cela de façon remarquable dans le propos de Simone Weil, jeune philosophe qui se fait embaucher à Renault et qui raconte la grève de 1936 dans un article paru dans la revue Révolution prolétarienne, et qui figure dans son opus de 1950, La Condition ouvrière. Elle y procède par anaphore : Joie de se promener dans l’atelier, joie de caresser les machines au repos, joie de saluer les collègues, joie de rire avec eux, etc. C’est-à-dire ; faire pendant la grève tout ce qui était interdit de faire au travail… Certaines photos de grèves de 1936 montrent ainsi des bals populaires dans l’usine occupée, et des hommes dansant avec d’autres hommes…

Dans un entretien de 2004, interrogée pour savoir les raisons pour lesquelles elle avait choisi comme thème de recherche la grève, l’historienne Michelle Perrot répondit ceci : « Quand on travaille on ne parle pas ; avec la grève, les ouvriers sortent des usines. J’avais appelé la grève l’“ échappée belle ”, c’était quelque chose qui les sortait de la grisaille quotidienne, il se créait d’un seul coup un espace de parole. »

Enfin, le conflit exprime quelque chose de plus que ce qui est exigé, réclamé, revendiqué sur les tracts et les banderoles ; cela dépasse le problème apparent. Ce que le conflit donne à voir, c’est l’émergence de nouvelles régulations et l’obsolescence des anciennes règles. Un conflit du travail, dans une entreprise, a toujours à voir avec des menaces quasi existentielles – sur l’emploi, sur les conditions de travail, sur la manière même de travailler,  avec le numérique, etc. Il exprime  le monde qui vient, avec ce que cela signifie d’angoisse mais aussi d’espérance…

Pour cela, le conflit du travail, disais-je à mes étudiants de l’INSA, c’est une sorte de lettre d’amour adressée à l’employeur. En cessant de travailler, les grévistes lui montrent qu’ils veulent rester avec lui, dans son usine, mais à condition que cela devienne un peu plus leur usine ; donc qu’il les paie un peu mieux ou qu’il améliore leurs conditions de travail. Bref, pour reprendre les catégories de l’économiste Albert Hirschmann, ces grévistes font voice, et non pas exit, ce qui est une sorte de loyalty….

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Troisième assertion. Le lien, c’est l’accord, ou plutôt : le lien social, c’est l’accord que l’on nomme « compromis ».

Si le lieu, en tant que lien, symbolise le passé – là où nous sommes nés, où nous avons été embauchés, où nous avons vécus, etc. ; si le conflit, en tant que lien, symbolise la lutte au présent, à mi-chemin entre un passé idéalisé et un avenir espéré, l’accord de compromis, lui, en tant que lien, symbolise le futur de la relation.  C’est en son nom qu’il se noue. L’étymologie du mot l’indique clairement : cum promissus, avec promesses. Pourquoi ces promesses, et que signifient-elles ?

À l’origine, dans le monde romain des premiers siècles de notre ère, le compromis était un dispositif juridique original : en cas de désaccord persistant entre deux marchands, ou deux propriétaires, ou deux voisins, qui n’arrivaient pas à s’accorder, chacun s’engageait solennellement à respecter la décision d’un tiers, désigné d’un commun accord et qui leur proposerait un scénario de résolution de leur différent. Chacun promettait donc à l’autre qu’il adopterait la solution proposée par cet entremetteur – ce médiateur, dirait-on aujourd’hui.

Un compromis est donc d’abord un échange mutuel de promesses, la certification que chacun  tiendra parole sur ce qu’il s’est engagé à faire. Le compromis de vente dans les transactions immobilières porte trace de cette histoire romaine : le vendeur s’engage à vendre, à un prix fixé et à une certaine échéance, et l’acheteur s’engager à acheter le bien, à ce prix fixé et à cette échéance, et l’agent immobilier certifie le tout…

Un compromis, disais-je, est orienté vers un futur et cela détermine son nouage. Pourquoi et comment ? Un compromis est un accord fondé sur deux caractéristiques : il reformule les termes de la relation sociale ; et il résulte d’un abandon réciproque de prétentions.

La reformulation de la relation. L’accord de compromis, selon les cas, institue le lien ou le restructure. Le mariage illustre l’institution de ce lien : il crée ce lien, puisqu’aucun autre lien, de parenté, par exemple, ne le précédait. Je nomme compromis cette alliance entre deux êtres car chacun renonce à quelque chose (ne serait-ce qu’à sa liberté de mouvement…) et ces co-renoncements rendent authentiques la volonté des époux de constituer une unité nouvelle. La vie en couple, d’ailleurs, est bien autre chose que la mutualisation du frigo et de la machine à laver ; c’est une unité sociale nouvelle et cette union transforment les deux conjoints ; ils ne sont plus ce qu’ils étaient avant l’union maritale.

Seconde caractéristique du compromis, qui le différencie des autres sortes d’accords : l’abandon des prétentions et leur réciprocité. Dans une dispute sur des biens ou des droits à allouer, chaque protagoniste comprend assez vite que pour obtenir de son adversaire le bien x, ou le droit y, après avoir tenté de le gagner par la force et que cette tentative a échoué – puisque l’adversaire se conduit pareillement et que les deux pouvoirs de nuisance s’équilibrent –, chacun comprend donc vite qu’il lui faut abandonner ce bien y ou ce droit y, en tout ou en partie, dont il détient les droits d’accès, pour obtenir en retour le bien ou le droit qu’il lui réclame. C’est de l’intérêt bien compris… Tout échange est ainsi un « sacrifice pour un gain » comme le définissait Georg Simmel ; le compromis se construit sur un tel échange.

Faire une concession, et le faire en premier, comme le conseillait le sociologue étatsunien Otomar Bartos, dans un chapitre du livre coordonné par Bill Zartman en 1977, est une stratégie optimale de négociation : si vous attendez que votre adversaire concède en premier, comme lui attend que vous le fassiez d’abord, rien  ne se passe, et vous n’obtenez rien. Il est donc judicieux de lui concéder en premier quelque chose pour qu’en retour, il vous concède quelque chose. Et c’est comme cela que l’on parvient à l’accord final…

Cet intérêt se double d’une obligation morale. L’anthropologue Marcel Mauss, dans les années 1920, a conceptualisé cet échange social, en trois étapes : donner, recevoir et rendre. Difficile de se soustraire à cette obligation, sous peine d’invalider le jeu social. Nous respectons donc cette norme sociale ; elle fonctionne, en négociation, comme une Règle d’or. Même Matthieu dans son évangile le dit : « Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux »…

Notons que la réciprocité des concessions peut ne pas être équivalente. Il suffit qu’elle soit paritaire et que chacun donne. Interviennent en effet les valeurs subjectives inégalement attribuées aux objets revendiqués ou abandonnés. Si vous êtes dans un désert, assoiffé, vous êtes probablement prêt à échanger une simple bouteille d’eau contre votre montre Rolex Daytona or gris et diamants…

S’expliquent ainsi les accords de compromis qui, de l’extérieur semblent déséquilibrés. On peut, si on est syndicaliste, accepter de travailler gratuitement une heure de plus par semaine si, en échange, on obtient une garantie d’emploi sur trois ans, comme le stipulaient les accords Peugeot et Renault de 2016.

Ce qui est échangé dans un compromis souvent nous étonne : un plat de lentilles contre un droit d’aînesse ; un cheval pour un royaume, etc. Mais ce type d’échange n’a rien d’anormal dès lors que l’on examine sous l’angle des désirs subjectifs.

Dernière observation, car j’ai déjà beaucoup parlé : la plupart des compromis noués entre des personnes qui se sont durement affrontées – protestants et catholiques pendant les guerres civiles en France à la fin du 16ème siècle ; loyalistes et indépendantistes en Nouvelle-Calédonie en 1988 (et en 2024, je l’espère) ; Nelson Mandela et Frederick De Kerck en Afrique du Sud au début des années 1990, etc. – sont des accords durables, qui survivent à leurs négociateurs. Pourquoi sont-ils aussi solides ? Réponse de Marcel Mauss, dans son Essai sur le don de 1924 : « La chose qui est échangée possède une âme. De sorte que quand vous offrez quelque chose à quelqu’un, vous lui faites don d’une part de vous- même ».

Se comprend mieux cette réciprocité de concessions dans le compromis : chacun des protagonistes se défait d’un peu de lui-même en offrant à l’autre une part de ce qu’il désire. Ce co-dépouillement volontaire qu’est le compromis est donc de nature à reformuler le lien social entre ceux qui, l’instant précédent, étaient encore en conflit. Le lien qui les réunit, désormais, après un tel effort de renoncement, ne peut être que plus solide, plus durable.»

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